Lilou Plaisir : portrait de femme, Wendy Delorme
Lilou Plaisir : portrait de femme, Wendy Delorme

Lilou Plaisir : portrait de femme, Wendy Delorme

Féminine, engagée et parfois enragée, cette jeune femme est explosive. Votre Loveshop Lilou Plaisir est ravie de partager avec vous ce petit entretien avec Miss Wendy Delorme, … Une femme à découvrir, vite !

Métier / fonction : écrivaine, comédienne burlesque, enseignante

wendydelorme
Crédit photo : Emilie Jouvet

Présentation / bio : Auteure de “Quatrième Génération” roman, éditions Grasset (2007), et d’un recueil de textes éroticopolitiques “Insurrections! en territoire sexuel” à paraître le 8 mars 2009 pour la journée de la femme, aux Editions du Diable Vauvert. A paraître aussi en 2009, une anthologie de nouvelles érotiques et SM, co-dirigée avec l’auteure Gala Fur, aux Editions Tabou. Comédienne de cabaret burlesque, travestie, dans les troupes parisiennes Kisses Cause Trouble et Drag King Fem Show. Actrice X queer pour les films d’Emilie Jouvet.

wendydelorme
Crédit photo : Gérald Chabaud

Petit questionnaire sexy …
Orientation sexuelle : queer, lesbienne
J’aime surtout : mon ordinateur, ma collection de sextoys, mon chien en peluche
Je ne supporte pas : perdre du temps, être en retard, les filles qui ne se lavent pas les mains avant de me baiser, le gingembre.
Cela me fait fondre : des ongles courts, de belles mains propres, un bandana rouge dans la poche gauche (ça veut dire adepte du fisting)
Moi et les sex toys : j’en ai une collection, surtout en silicone de chez Vixen Creations, une entreprise californienne. Le silicone est l’avenir du sexe!
Moi et la lingerie : rouge, noir, léopard
Moi et mon corps : un long travail d’amour propre, des heures de tatouage, pas mal d’argent, jamais de régimes.
Mon univers culturel : mes ami-e-s photographes, écrivaines, réalisatrices, comédiennes, actrices porno.
Fantasmes et fantaisies : réalisés grâce à mon amie Émilie, réalisatrice de pornos queer ! Ça aide d’avoir une meilleure amie qui réalise des pornos…
Mon petit conseil home made : JAMAIS de lubrifiant à base d’huile dans le vagin. J’ai dit JAMAIS.
Le câlin idéal : avant de s’endormir.
Lieu le plus loufoque : pour faire quoi ? du sexe? dans la rue, contre la porte vitrée d’une banque à l’entrée d’une station de métro, un lundi matin à 8 heures. Ma devise sexuelle : toujours les mains propres.

1) Concernant ton dernier livre, avec le recul, est ce que tes objectifs, tes intentions avec ce bouquin ont étés atteints ? Est-ce que tu penses que la critique a « compris » ce que tu souhaitais faire passer ?

Je ne sais pas si “la” critique existe, dans le sens que tout le monde ressent ce bouquin différemment, avec ses tripes. Il y a “des” critiques. Dans l’ensemble la presse a été très favorable à ce livre, j’ai été étonnée du nombre d’articles enthousiastes (à vrai dire personne n’a écrit de choses vraiment négatives dessus) mais il y a eu quelques bêtises, du style citations tordues, les aléas habituels de la presse… on s’en remet, on s’aperçoit vite que contrôler son image et son discours dans les médias est peine perdue. Alors oui, je suis contente de la façon dont le livre a été reçu. Même s’il faut bien l’avouer, les journalistes que j’ai rencontrés et qui ont écrit sur ce bouquin étaient déjà des gens plutôt ouverts d’esprits. Ceux que le bouquin a choqué n’ont simplement pas pris la peine de le descendre, c’est tout !

2) En parlant d’image, il y a toujours ce qu’on véhicule, ce qu’on aimerait véhiculer, et ce qu’on est en réalité… J’imagine qu’on te dépeints un portrait souvent un peu farfelu, alors, dis moi une journée « type » de Wendy Delorme ça ressemble à quoi, concrètement ?

Alors, mon dimanche…
Réveil à 9 heures du matin pour parler sur skype à mon amoureux-se qui habite San Francisco. Neuf heures de décalage horaire entre nous. Quand je me lève c’est l’heure pour mon amour d’aller se coucher.

Je me fais un thé. J’écris au lit, sur mon ordinateur, jusqu’à midi. Le chapitre 10 d’un roman érotique.
J’appelle une amie en lui demandant si elle veut faire les puces de Clignancourt. J’ai grossi cet été, il me faut un nouveau jean. Je ne rentre plus dans aucun de mes pantalons. J’ai l’espoir de trouver un 501 second hand si on y va avant 14h. Mon amie n’est pas dispo. Je prends une douche et je me résous à y aller seule. Il fait soleil, je veux en profiter pour y aller en vélo.

J’ai mal au dos à force d’écrire au lit, adossée à des coussins, courbée sur mon ordinateur. Je lis mes mails sur myspace et je réponds à une interview avant de partir.

En rentrant du marché aux puces, je me promets de me remettre à mon travail universitaire. Ma thèse n’a pas avancé de tout l’été. Je dois rendre à la fin de l’année. Ça m’angoisse. Mais quel est le thésard que sa thèse n’angoisse pas.

Ce soir je bois un verre avec une copine qui travaille dans une asso féministe et on parlera de nos vies, et de mon prochain bouquin, un recueil de nouvelles qui sort en mars et que je lui ai donné à lire pour avoir son avis. Ensuite je dîne avec une amie comédienne que je n’ai pas vue depuis 6 mois et qui a des peines de cœur. On parlera de nos vies et j’essaierai de la réconforter même si je sais qu’en général on ne suit jamais les conseils des amies quand on a des peines de cœur.

Voilà. La journée d’une fille de 29 ans à Paris un dimanche de septembre.

3) Avant de parler justement de tes projets, j’aimerais savoir quels livres érotiques t’ont plu dernièrement ? Peut être un coup de cœur ? Qu’est ce qui est essentiel à tes yeux dans un bon bouquin érotique ? Y a –t-il des ingrédients spéciaux ?

Sade a marqué mon adolescence. C’est très cru. Très cruel. Totalement immoral. Très méthodiquement immoral en fait. Comme un catalogue de choses à ne jamais faire. C’est pour ça que c’est excitant. Ce qui est raconté doit rester de l’ordre du pur fantasme.

Le dernier bouquin que j’ai lu et trouvé excitant… ce n’était pas un bouquin érotique. C’était “Baise-moi”. Que j’ai relu ce week-end. Que je relis à peu près tous les ans. Je ne lis pas tellement de bouquins érotiques en fait. Je lis des histoires de femmes énervées qui tuent des gens et qui baisent avec la rage au bide. Ça je trouve ça excitant. Je ne sais pas si “érotique” est un genre qui me parle. “Pornographique” est un genre qui me parle. Cru. Vrai. Qui ne s’embarrasse pas de fioritures cache-sexe.

Mais on m’a demandé d’écrire un bouquin érotique alors j’y travaille. Je me rends compte que ce n’est pas évident de faire passer le sexe à mots couverts, que j’appellerai toujours un cul un cul et une chatte une chatte.

Et puis je travaille à une anthologie érotique avec Gala Fur, pour Tabou Editions. Alors forcément je lis et sélectionne avec elle des textes érotiques. Pas évident. Au final, la plupart des textes sélectionnés sont très crus. Et sont écrits par des femmes. Qui n’ont pas peur des mots de la chose.

4) « Baise-moi » œuvre qui a été adapté en film par Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi en 2000, ça tombe bien que tu parles de cette œuvre car je souhaitais justement te parler des bouquins de Coralie… Après avoir sortie le roman « la voie humide », elle bosse en ce moment sur un bouquin de la série « osez », sa thématique sera « osez le cunnilingus », après avoir écrit « osez la sodomie ». As-tu lu ces ouvrages de « vulgarisation »? Qu’en penses tu ?

La série “Osez” des Editions La Musardine rencontre un grand succès et c’est tant mieux! En général l’éditeur fait appel à des
experts des pratiques traitées, et c’est une série ludique et instructive. Il y a les bouquins de Tabou Editions aussi, avec des livres sur le S/M, sur le plaisir anal, le point G et l’éjaculation féminine… tous ces livres sont utiles, ils permettent d’aborder les sexualités et diverses pratiques de façon pédagogique et décomplexée. Je m’en suis servie comme base documentaire pour monter des ateliers d’éducation sexuelle l’an dernier.
Dans la même veine, j’ai fait pour Tabou un petit guide “Pervers & Safe” qui parle des jeux S/M, de consensualité. Un petit guide qui se glisse facilement dans une poche. Les “Osez” sont sur le même principe: pratiques, ludiques, et surtout: utiles.

Bientôt on sort un grand guide chez Tabou Editions, une sorte d’encyclopédie de jeux et pratiques sexuelles, traduit depuis l’anglais, écrit par les femmes qui ont travaillé aux États-Unis à San Francisco chez Good Vibrations, un sex shop créé par des femmes, qui est un lieu très chouette où acheter des sextoys à des prix convenables et de bonne qualité. Il y a aussi la boutique Toys in Babeland aux États-Unis. En France il existe plusieurs sites et boutiques qui vendent des jouets sexuels,… bref il n’y a pas que les américaines qui écrivent sur la sexualité, qui créent des lieux et des sites où s’instruire et acheter nos jouets !

5) Et si tu nous parlais un peu plus de ta collection de sex toys que tu aimes tant ? Si tu devais donner quelques conseils à des jeunes femmes inexpérimentées, tu leur dirais quoi concernant leurs futurs achats?

Mes sextoys préférés sont en silicone, de la marque Vixen Creation à San Francisco. On peut les commander sur leur site internet. Je l’ai déjà dit je crois, la silicone c’est l’avenir du sexe: ce n’est pas une matière poreuse donc ça ne retient pas les bactéries, pas besoin de les recouvrir d’un préservatif pour s’en servir, on peut les désinfecter à l’eau chaude ou bouillante et au savon.

Évitez le Jelly, ça contient des matières nocives pour l’organisme, (les phtalates) on reconnaît les sextoys en Jelly à l’odeur fortement plastique qu’ils dégagent lorsqu’on les sort de l’emballage. Ne vous resservez jamais d’un sextoy sans le nettoyer avant, ne passez jamais de l’anus au vagin (infection urinaire ou vaginale assurée) et ne passez pas un même sextoy d’une partenaire à l’autre (transmission de MST assurée).

Réfléchissez à ce que vous désirez avant d’aller faire vos emplettes: un objet vibrant ? C’est plus adapté au clitoris qu’au vagin, même si souvent les sextoys vibrants sont de forme phallique.

Un objet pour la pénétration vaginale ? Préférez les objets un peu souples, un peu recourbés (c’est mieux pour stimuler le poing G) à la taille et longueur dont vous avez envie, n’ayez pas les yeux plus gros que le ventre, sinon le sextoy risque de rester au placard.

goldfinger

Un objet pour la pénétration anale? Choisissez un plug, sextoy fait pour ça, objet muni d’une base, car sans base le toy peut être aspiré et se “perdre” dans votre rectum. C’est dangereux et il faut ensuite souvent une intervention à l’hôpital pour l’en retirer.

Lubrifiant : très utile ! Indispensable ! À base d’eau. Jamais à base d’huile, car l’huile détruit le latex, donc rend les préservatifs inutiles, et crée des infections dans le vagin. Préférez les gels lubrifiants à base d’eau ou de silicone.

Voilà… et en général il vaut mieux dépenser un peu plus pour un sextoy et un lubrifiant de qualité, que d’acheter des objets à bas prix de mauvaise qualité. Le plaisir et la santé sexuelle sont assez importants pour qu’on ne rechigne pas à bien les traiter !

6) Revenons à tes projets… Tu as parlé de projets plus ou moins à court terme : “Insurrections! En territoire sexuel”, un roman érotique, et une anthologie avec Gala Fur. Qu’en est –il pour tes projets à long terme ? Y –a-t-il des choses que tu n’as pas encore abordé qui te trotte en tête ?

“Insurrections!” est un recueil e textes érotico-politiques qui sort en mars, pour la journée de la femme (éditions du Diable Vauvert).

L’anthologie érotique sur les jeux SM au féminin, que je coordonne avec Gala Fur, sort aux Editions Tabou a priori au début de l’été 2009.

Le roman érotique. C’est une commande. Je n’en dis pas plus car je n’ai pas encore signé. Mais c’est en cours.

Projets à long terme…: partir en tournée avec un show érotique, 5 filles sur les routes d’Europe. Je n’en dis pas plus non, plus, c’est en cours d’organisation. Et projet à moyen long terme: terminer ma thèse, faire un enfant, écrire d’autres romans. Faire un film à partir d’un roman. Et aussi, me reposer un peu.

7) Et … on finit avec un mot de fin …
Ben j’en ai pas… j’ai du mal avec les fins !
Bisous !!!

Merci Wendy !